• Conliège vue de l'ancienne gare
  • Conliège vue depuis la voie verte

 

Journée Nationale de la Déportation: 24 Avril 2016
Monsieur le Conseiller Départemental,
Mesdames, Messieurs, les Maires et les élus,
Mesdames, Messieurs les Présidents des Associations de Déportés et d'Anciens Combattants et du Souvenir Français,
Mesdames Messieurs,
Nous sommes réunis aujourd’hui pour commémorer la "Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation" Dans cette période troublée où les thèses d’extrême droite se propagent dans tous les pays Européens et même en Allemagne, nous avons, plus que jamais le devoir de nous souvenir en hommage à tous ceux qui ont souffert de la déportation d'un ou de plusieurs proches et à tous ceux qui sont morts en déportation.

La journée de la déportation existe pour que les hommes prennent conscience de la cruauté dont l'homme peut faire preuve envers ses semblables.
Nous devons montrer aux nouvelles générations la réalité de ce passé et nous rappeler combien certains hommes ont pu faire subir à d’autres hommes innocents, des femmes, des enfants, l'effroi de la faim, du froid, de la maladie, de la torture, et de l'humiliation.

Notre village fut particulièrement touché puisque 10 jeunes sur les 25 embarqués dans la rafle du 11 juillet 1944, ne sont jamais revenus de déportation ;
Cinq seulement reverront le clocher de leur village :
René Buffet, Paul Gallet, Fernand Hugonnet, Roger Remond et Marcel Bondon.
A cet instant je voudrais avoir une pensée particulière pour Monsieur Marcel Bondon
Il était le dernier Conliégeois encore en vie à avoir été arrêté le 11 juillet 1944 lors de la rafle. Marcel Bondon s’est éteint le 3 décembre 2015 à JASSIGNY en région parisienne, dans sa 96ème année.
C’est au camp de Neuengamme au Sud Est de Hambourg, sur la rive droite de l’Elbe que Marcel fut emmené.
Dans ce camp, entre 1939 et 1945 plus de 100 000 déportés passèrent, de 28 nationalités différentes, dont 13 000 français.
Seulement 600 sont rentrés.

Marcel, comme ses camarades fut transféré en « Kommando » véritable camp de travail où il devient un simple numéro : le « 40 892 ».
Il subit les « kapos » zélés dont la jouissance première était la distribution des coups sous les formes les plus perverses, tout cela avec l’absence totale d’hygiène, la sous alimentation, les appels interminables debouts dans la cour quelque soit le temps.
Marcel fut libéré le 2 mai 1945, rapatrié en France. Il transite par l’hôtel Lutétia à Paris transformé en centre d’accueil et d’enregistrement des rescapés des camps, le 13 juin 1945 pour un retour à Conliège le 20 juin 1945.
Marcel était membre de l’Amicale Régionale Franc-comtoise de Neuengamme ainsi que de l’Amicale Nationale. Il était Chevalier de l’Ordre National du Mérite et Chevalier dans l’Ordre National de la Légion d’Honneur.
Ses obsèques ont été célébrées le 11 décembre 2015 à Notre Dame de l’Assomption du Raincy. N’oublions jamais.

Malheureusement les hommes ont la mémoire courte. Et ce ne sont pas les événements récents en France en Europe et presque partout dans le monde qui vont me démentir. Ces moments d'histoire illustrent à tout jamais ce que peut être la noirceur et en même temps la force de l'âme humaine. L'humanité ne doit donc pas nier son passé, au contraire, elle doit le connaître pour s'en défaire et ne plus jamais subir les mêmes dangers. Elle doit à chaque instant se regarder en face.

Comme l’écrit le philosophe René Girard :
« Les animaux d'une même espèce ne luttent jamais à mort ; le vainqueur épargne le vaincu. L'espèce humaine est privée de cette protection »
Savourons la chance que nous avons de vivre en Europe encore dans la paix et faisons confiance à l’homme pour savoir surmonter les crises à venir et surtout la montée du nationalisme un peu partout en Europe qui a fait de la peur de l’autre son fond de commerce.
Restons vigilants face à ces mouvements nationalistes qui nous ont menés là où l’on sait dans les années 30.
Vive la paix, vive la République, vive la France !
Le Maire
Roger Rey