• Conliège vue de l'ancienne gare
  • Conliège vue depuis la voie verte

Cérémonie patriotique 2017 de la rafle du 11 juillet 1944.

 

Monsieur le Conseiller Départemental,

Mesdames et Messieurs les Maires et Élus,

Mesdames et Messieurs les Présidents des Associations de Déportés, des Anciens Combattants et du Souvenir Français,

 

Mesdames Messieurs

Nous sommes réunis aujourd’hui pour  nous souvenir et ne pas oublier tout ce qui s’est passé à Conliège et dans les environs il ya maintenant 73 ans.

 

Rappelons-nous les faits pour ceux d’entre nous qui ont eu la chance de ne pas connaître cette période sombre de notre village et de notre histoire.

Les 9 – 10  et 11 juillet 1944,  une colonne allemande la 157ème division appartenant à l’armée WLASSOV venant de Bourgogne sème la dévastation et la mort dans le Jura.

Un détachement de cette armée qui traque la résistance fait halte à Conliège vers 16 heures.

Le lendemain matin 11 juillet vers 4 h 30, les nazis s’emparent de nombreux  Conliègeois

Un premier groupe est composé de messieurs : Marcel MARILLIER,André CHAMBARD, Georges CHAFANGEON, Marcel VOISIN, Xavier DAMELET, Francis BAUD, Albert KUNTZMANN et son fils Raoul, Bernard SAINTE BARBE et ses trois fils André, Paul et Pierre, Alphonse VINCENT GENOD, Michel MEGE, Eugène REMOND, son fils Roger, Monsieur GROSSIN Juge de Paix.

 

Les hommes les plus âgés sont libérés rapidement. Bien encadrés les plus jeunes descendent la rue Haute en direction de la Place.

Messieurs Louis GALLET, son fils Paul, Roger BEAUVENS, Fernand HUGONNET, jean BROUTET, Paul JUILLIARD, Modeste VUILLERMOZ, André FRESSOZ, André LANCON et Marcel BONDON rejoignent le groupe.

 

Les frères DUMONT Roger, Georges et Michel, André LAURENCY et Maurice MILLET cachés dans un soupirail, échappent à la rafle ainsi que Maurice RIGOULET et son frère GUY, Pierre BROUTET et Roger BUATOIS-GUERIN et quelques autres jeunes de Conliège .

 

Ce même jour,le jeune DARPHIN, fut assassiné à la sortie du village.

Et c’est ainsi que 25 conliégeois sont embarqués, puis après un parcours chaotique, regroupés à Bourg avec d’autres prisonniers. Plusieurs Conliégeois sont liberés Messieurs Grossin, Lançon, Crinquant, Fressoz, Bruel, Modeste Vuillermoz.

Ils sont partis vers l’inconnu, vers Compiègne au camp de ROYALLIEU l'un des principaux camps de transit de France. Près de 45 000 personnes y ont été acheminées : internés politiques, résistants, pour beaucoup communistes, civils russes ou américains et juifs déportés, soumis au travail forcé et aux mauvais traitements, près de la moitié décède pendant le transport ou dans les camps.

 Dans la soirée du 28 juillet 1944, ils sont embarqués à destination de Neuengamme dans des wagons à bestiaux, les déportés y passent trois nuits dans des conditions glauques et inimaginables.

Dix de nos jeunes Conliègeois, ne devaient pas résister aux souffrances des camps de concentration et cinq seulement reverront le clocher du village:René Buffet, Paul Gallet, Fernand Hugonnet, Roger Remond et Marcel Bondon aujourd’hui tous disparus.

 

 

Nous leur rendons hommage aujourd’hui.

Ces souffrances, Simone Weil à qui je tiens à rendre hommage aujourd’hui pour  la noblesse des causes qu’elle a toujours soutenues : les droits humains, et d’abord les droits des femmes, les progrès de l’Union européenne et l’affermissement de l’État de droit.

Ces souffrances Simone WEIL les a connues et exprimées toujours avec retenue et sans violence vis-à-vis du peuple allemand.

 

Comme le dit Robert Badinter :

« Cependant, la vie de Simone Veil, à bien des égards comblée, est marquée d’épreuves cruelles et de deuils. Au cœur de la vie de Simone, comme un foyer de braises jamais éteintes et toujours prêt a s’enflammer, il y a son expérience de la déportation, du chemin de souffrances qu’ont suivi des millions de juifs venus de tous les points cardinaux de l’Europe occupée par les nazis, et qui conduisait à Auschwitz-Birkenau et a la mort programmée.

Bien des récits, bien des œuvres littéraires ou cinématographiques ont évoqué cet ultime voyage dans les wagons a bestiaux ou les déportés ne pouvaient même pas s’allonger. Nombreux étaient les vieillards ou malades qui mouraient dans ce transport. Quelques très rares survivants au regard perdu d’angoisse rétrospective l’ont raconté : l’arrivée sur le quai de Birkenau ou les attendaient chiens loups et SS, cravache en main, la sélection par le médecin nazi et la fumée épaisse et noire des crématoires.

Simone a vécu à seize ans cet enfer-la. Elle a connu la marche de la mort lorsque les SS ont vidé Auschwitz de ses survivants pour les acheminer dans le froid glacial de l’hiver jusqu’ aux camps de concentration en Allemagne. Là, à Bergen-Belsen, sa mère malade devait succomber dans ses bras avant leur libération par les Alliés. Sa soeur, résistante, déportée a Ravensbrück, a pu survivre, mais son père et son frère, arrêtés avec elle, disparurent en Lituanie.

Telle a été l’adolescence de Simone Veil. Nous savons que les souffrances vécues là par les déportés sont incommunicables à ceux qui ne les ont pas connues. Mais Simone Veil a trouvé en elle la force vitale et le caractère qui lui ont fait répondre aux pires épreuves par un hymne a la vie.

Telle est la victoire morale de Simone Veil sur les nazis. Elle a refusé la tentation de la désespérance dans l’être humain et choisi de toutes ses forces la vie. À mesurer l’immensité des épreuves qu’elle a connues et surmontées, on comprend pourquoi tant de respect, d’admiration et d’affection entourent Simone Veil, la « mère courage » de notre génération.

Elle a, par son exemple, montré qu’une vie ne prend sens que si elle transcende notre égoïsme par la grandeur morale des causes que l’on sert. À présent que s’effacent les survivants de notre génération, je salue Simone Veil, Juste entre les Justes. »

 

 

Nous aussi, à notre niveau, nous devons continuer à être des passeurs de mémoire.

 

Souvenons-nous pour que jamais cette page douloureuse de l’histoire de Conliège et de ses environs ne soit oubliée.

 

Ma génération, la génération de nos enfants et petits enfants, avons le devoir de transmettre ce lourd héritage pour que plus jamais pareilles atrocités ne soient commises.

Souvenons-nous pour ne pas oublier toutes ces souffrances endurées par nos compatriotes.

 

 

Notre génération a la chance de vivre en Paix grâce à la construction de l’Europe, dont nous avons fêté cette année le 60 ème anniversaire du traité de Rome qui est à la base de la construction Européenne.

 

Même si l’Europe n’est pas parfaite et qu’elle doit évoluer pour  prendre fortement le parti du droit, de la paix, de la liberté et du respect des peuples , l’europe nous a permis de vivre en paix .

Ayant passé 3 jours Bruxelles au Parlement et à la commission Européenne j’ai croisé des habitants de tous ces pays Européens qui , même s’ils ne partagent pas tous les même valeurs, ont appris à travailler ensemble, à échanger leurs idées pour arriver à trouver un compromis.

 

  

Mais ne croyons pas que tout est définitivement acquis, nous l’avons vu avec le BREXIT et avec certaines dérives constatées en Pologne ou ailleurs. Nous devons y penser chaque jour dans nos pensées, dans nos actes surtout.

 Comme l’écrivait Simone weil

«  La situation de paix qui a prévalu en Europe constitue un bien exceptionnel, mais aucun de nous ne saurait sous-estimer sa fragilité.

Pour que nos enfants et petits enfants ne connaissent jamais  ce que cette génération  a connu, montrons leur l’exemple et appuyons nous sur l’histoire même la plus douloureuse pour les éduquer dans ce sens.

 

 

Vive la république Vive la France                         Roger Rey