Menacée d’expulsion, la famille Ali-Akhter est venue à la rencontre du public
La famille ALI-AKHTER domiciliée actuellement à Conliège est sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF)
Le comité de soutien constitué pour aider la famille Ali-Akhter, a tenu à rencontrer le public, mercredi 07 novembre 2018 à l’Espace Mouillères à Lons-le-Saunier. La raison principale a été de faire le point, les présentations et détailler leur parcours.
Formé vendredi 04 mai 2018, il a conduit à la création d’une association vendredi 25 mai, déclarée en préfecture en juin 2018. Le comité est composé de quatre professeurs du lycée Saint-Exupéry de Lons-le-Saunier. Il dépense toute son énergie et tente toutes les procédures, pour éviter l’expulsion de cette famille.
Arrivée en France en janvier 2017, composée de six personnes, deux garçons, deux filles et leurs parents, leur demande de droit d’asile sur le sol français, leur a été refusée en avril 2018. Un recours a été effectué, mais la même réponse a été donnée vendredi 25 mai 2018. Chaque action et décision étant prise en concertation avec la famille. D’autres angles ont ensuite été exploités par le comité de soutien, notamment le médical. Un des garçons est né très prématurément à 28 semaines. Selon ses parents, il ne parlait pas encore à l’âge de cinq ans. Tentative échouée, puisque cette raison n’a pas été retenue fin septembre 2018. L’obligation de quitter le territoire a donc été délivrée lundi 15 octobre 2018, avec un délai maximal d’exécution de trente jours.
Un recours a été tenté au tribunal administratif de Besançon pour aller à l’encontre de l’obligation de quitter le territoire délivrée par la préfecture du Jura. L’audience est prévue mercredi 21 novembre 2018. Sans la présence de la famille, ni du comité de soutien. Ils seront informés de la décision. L’espoir d’un avis contraire à celui du préfet du Jura est quasiment nul, selon les dossiers traités précédemment. Petit délai supplémentaire gagné par le comité de soutien, mais la date butoir est proche.
La famille est pour le moment installée à Conliège, depuis le mois d’octobre 2018. Dans un logement prêté par l’évêché de Saint-Claude. Les garçons sont scolarisés à Conliège, les filles à Lons-le-Saunier au lycée Saint-Exupéry, en 3e et 4e. Le jeune garçon touché par des difficultés pour parler, a selon ses professeurs, fait d’importants progrès en peu de temps. Une des deux filles, Rafa vient d’obtenir le Brevet des Collèges série Professionnelle avec la mention Assez Bien. Elle s’est vu remettre vendredi 19 octobre 2018, le Diplôme d’Études en Langue Française niveau B1. La seconde fille, Aïcha a été élue déléguée de sa classe de 3ème par ses camarades.
Samedi 15 septembre 2018, devant le maire André BARBARIN, les quatre enfants ont été parrainés par des instituteurs, en mairie de Montmorot. “Même si cela n’a pas de valeur légale, c’était un acte fort”. Les parents ne demandent qu’à travailler. Prêts à prendre un emploi dans les secteurs “sous tension” comme la restauration ou la maçonnerie. Leurs seules ressources s’élèvent aujourd’hui au montant de 230 € par mois. Reçues par le département du Jura pour le plus jeune enfant. La famille bénéficie d’aides des Restos du cœur, du secours populaire, de dons venant d’anonymes, de collectes organisées par l’association, de cagnottes sur Internet.
“Le jour de la décision du tribunal administratif, la famille peut être mise dans un avion en direction du Bangladesh, ou laissée tranquille. Le volet asile et le volet médical sont fermés mais Ismaël, âgé de 6 ans, bénéficie d’aides du département. Le juridique ne marche plus, on voit ce que l’on peut faire au niveau intégration. Trois des enfants connaissent une réussite scolaire remarquable. Les filles ne sont pas contentes si elles n’ont pas la note de 14 ou 15. La préfecture donne toutes les solutions et recours possibles. Le préfet ne fait qu’appliquer les lois, mais ne peut pas faire n’importe quoi, il doit rendre des comptes à son ministre. Actuellement, une centaine de familles sont sur le point de quitter le territoire du Jura. Ici, on protège, la famille a plus de chance et on peut donner un titre de séjour pour le travail. Cette famille est ici, elle vit ici, on fait en sorte qu’elle reste ici.” Les professeurs se sont exprimés ensemble.
À deux reprises, Danielle BRULEBOIS a été sollicitée par le comité de soutien. La député a transmis le dossier de la famille à Christophe CASTANER, ministre de l’Intérieur. Une lettre va être remise à la présidente de région Marie-Guitte DUFAY, dans l’espoir qu’elle soit remise vendredi 16 novembre 2018 au président Emmanuel MACRON. Lors de sa visite à Besançon. “Les syndicalistes veulent bloquer son atterrissage, moi j’aimerais bien qu’il puisse atterrir”. Une lettre écrite par le comité de soutien va être envoyée à Brigitte MACRON, épouse d’Emmanuel MACRON, président de la République française.
Roger REY, maire de Conliège a sollicité un entretien avec Richard VIGNON, préfet du Jura. Jean-François BAUVOIS, directeur de cabinet l’a reçu vendredi 26 octobre 2018. Selon l’élu, “il m’a fait la morale, m’indiquant que j’étais touché par le syndrome de Stockholm. Je serais là avec mon écharpe si la famille est expulsée. Je serais à l’Assemblée nationale mercredi 21 novembre 2018 pour le congrès des maires de France, on fera tout pour intégrer une famille qui veut s’intégrer. Les filles vont lire un texte lors des commémorations dimanche 11 novembre 2018. Le ministère déconseille aux français de se rendre au Bangladesh.”
Si plus aucun espoir n’est possible, la tentation de commettre des actes répréhensibles comme un hébergement clandestin est grande. “On a été déboutés du droit d’asile”. Les mots d’un des professeurs montrent toute la puissance d’investissement pour cette famille. Mais comme l’ont précisé les professeurs. Ils ont un métier, une famille. Il n’iront pas jusqu’à rentrer dans l’illégalité. Une pétition lancée par écrit et sur Internet recueille plus de 5000 signatures. La page Facebook du comité de soutien est suivie par 460 personnes.
Marin SPRINGFIELD présent dans la salle avec une cinquantaine de personnes, a pris la parole devant l’assemblée. Membre du Réseau éducation sans frontières (RESF) du Jura, il a fait part de toute son indignation face à la décision en cours et montré toute sa motivation pour l’éviter. “Une manifestation devant la préfecture serait une solution”.
Face à tout ce combat pour empêcher l’expulsion d’une famille à l’intégration exemplaire, il y a la réalité du nombre important des demandeurs d’asiles sur le sol français. Selon le préfet du Jura,”les services de l’État traitent le dossier de chaque demandeur, avec humanisme.”