Madame et Monsieur les Conseillers Départementaux, Mesdames et Messieurs les élus, Mesdames et Messieurs les présidents et représentants des associations des anciens combattants et du souvenir français, Monsieur la Directrice de l'école de Conliège, Mesdames et Messieurs,
« Quand nous sommes arrivés par ici au mois de novembre, cette plaine était alors magnifique avec ses champs à perte de vue, pleins de betteraves, parsemés de riches fermes et jalonnés de meules de blé. Maintenant cest le pays de la mort, tous ces champs sont bouleversés, piétinés, les fermes sont brûlées ou en ruines et une autre végétation est née : ce sont les petits monticules surmontés dune croix ou simplement dune bouteille renversée dans laquelle on a placé les papiers de celui qui dort là. »
Ces mots sont ceux de Michel Taupiac, dit « François », 29 ans en 1914, fils douvriers agricoles du Tarn-et-Garonne.
Jai voulu commencer mon propos par lévocation de cette lettre dun poilu, témoignage si précieux de ce conflit dont la mémoire nous rassemble aujourdhui.
Nous sommes réunis pour commémorer la fin des combats et la capitulation de lAllemagne, symbolisés par la signature de lArmistice. Ces commémorations sont également loccasion de rappeler lhonneur et la dignité de tous les soldats morts pour notre pays.
Il y a 100 ans pendant lannée 1915 qualifiée dannée terrible 1915 au cours de laquelle plus de 320 000 combattants français ont perdu la vie lors du « grignotage » du généralissime Joffre. Cest 7 jeunes Conliégeois de 20 ans qui devaient y laisser leur vie. Ils sappelaient : Marcel ARTUS, Eugène Roux, Gaston Lacroix Jules Bugnard, Henri Pavat, Henri Berthet louis Lacombe. Au total cest 23 jeunes de notre village qui devaient mourir au combat.
Mais si nous sommes réunis, cest bien davantage pour honorer notre devoir de mémoire que pour célébrer une victoire qui, au fil du temps, sest empreinte dun goût amer. Comment parler de victoire lorsque lon dénombre, au lendemain de cette guerre, près de 10 millions de morts, deux fois plus de blessés, quelque 6 millions de mutilés.
Le bilan de la Grande Guerre fut atroce ! Cest quen 1914 la guerre avait changé déchelle. Les progrès de lindustrialisation, qui avaient semblé apporter le bonheur aux hommes, se retournaient contre eux.
Et tout dun coup la guerre prenait une figure apocalyptique. Tous nos soldats, partis des villes et des campagnes dans lenthousiasme de cet été 14 « la fleur au fusil », comme on la dit depuis-, se retrouvaient soudain piégés dans la boue des tranchées, sous la pluie des obus, sous les rafales des mitrailleuses, dans les vapeurs asphyxiantes des gaz moutarde.
Tous les combattants de ce conflit, dont lannée écoulée a marqué le début du centenaire, sont aujourdhui disparus. La Grande Guerre est passée de la mémoire à lHistoire.
Cette histoire, Paul Valéry disait quelle « donne les clés pour comprendre notre présent et les moyens de penser notre avenir ». Cest bien le sens de cette commémoration. Chaque 11 Novembre est loccasion de se souvenir quune guerre ne vient jamais par hasard.
Le combat pour la paix na rien dun combat darrière-garde. Lengagement des peuples représente au contraire une condition indispensable au maintien de la paix.
Car, en effet, la paix a été signée à Rethondes, et des institutions internationales ont été créées pour garantir le dialogue entre les nations, mais pour autant, les guerres ont continué. Elles ont perduré tout au long du XXème siècle.
Elles sont multiples aujourdhui, de la Syrie à lIrak, de lAfghanistan à la Somalie, la liste est longue des régions du globe où parlent les armes et où souffrent les peuples.
Et le rejet de lautre sétend hélas de plus en plus en Europe et offre ainsi un terreau fertile au racisme et à lantisémitisme qui a entraîné le conflit que lon connait. Soyons encore plus vigilants !
Les leçons du passé, nous les tirons chaque année ici même, en nous recueillant au pied du monument aux Morts. Mais surtout, ces leçons, transmettons-les. Par les mots, par léducation à nos enfants car ce sont eux qui auront demain la responsabilité de notre héritage.
Car comme le disait le Maréchal Ferdinand Joffre :
« Parce quun homme sans mémoire est un homme sans vie, un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir ».
Transmettons à nos enfants les valeurs de la paix. Souvenons-nous que lexpérience de la vie aide un homme à se bâtir et que lexpérience de lhistoire aide un peuple à se construire.
Restons vigilants et transmettons notre histoire.
Vive la paix, vive la République, vive la France !
Le Maire
Roger REY